Une honte française
Samedi 28 octobre 2023. New York, Londres, Istanbul... Partout dans le monde, la population se mobilise pour réclamer un cessez-le-feu à Gaza où l'horreur continue depuis trois semaines. Partout sauf dans le village gaulois de Paris: le préfet Laurent Nuñez a interdit la manifestation à cause de potentiels troubles à l'ordre public.
La honte.
Honte aux politiciens français, honte aux médias français qui font un boulot de merde depuis trois semaines. J'ai chaque jour un peu plus honte de la voie/voix de la France. Mais bravant l'interdiction, les Parisiens se sont tout de même réunis place du Châtelet. Il y a peut-être 5000 personnes au plus fort de la mobilisation, et il y a de tout, de tous âges et de toutes origines. C'est pacifique, il n'y a pas de cris "Mort aux juifs" ou "Allah w akbar" comme certains le colportent. Ça chante, ça demande l'arrêt des bombardements.
Vers 18 heures, la pluie commence à tomber. Les flics obéissent aux ordres et à la célèbre doctrine du trio Castaner-Lallement-Nunez lors des manifestations des Gilets jaunes: la nasse. Petit à petit, l'ambiance se tend, les flics font des percées dans la foule pour extraire des éléments jugés trop vociférants. Des éléments pas blancs de peau.
Mais la foule continue à chanter, ça applaudit en cadence: "Vous faites vraiment, un travail de merde!" à l'adresse des CRS et des gendarmes mobiles. "On reviendra, 135 euros ou pas!", "Même si Macron y veut pas, nous on est là! Pour l'honneur de la Palestine, et de tous ceux qu'on assassine, nous on est là!"...
Vers 20 heures, le bruit circule: c'est soit 135 euros d'amende pour avoir participé à un rassemblement interdit, soit la garde-à-vue pour les jusqu'au-boutistes. Je décide de sortir, je range on appareil dans mon sac-à-dos. Une policière-scarabée me prend à part, me demande mes papiers:
– Avez-vous conscience de participer à un rassemblement interdit?
– Absolument madame. J'étais là pour ça, pour faire des photos.
– Bien, vous êtes correct avec moi, vous pouvez y aller,
À trois mètres de mois, une jeune manifestante originaire d'Afrique du Nord est par terre et hurle sur les flics. Vive la liberté d'expression et de manifestation.
Je vous laisse avec la longue série photo du jour, que vous pouvez retrouver dans série Gaza-sur-Seine, avec les images des manifestations du 19 et du 28 octobre dernier.