Gaza-sur-Seine
Jeudi 19 octobre 2023. Partout dans le monde, des manifestations s'organisent pour soutenir la population civile de la bande de Gaza. Sauf en France où le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a jugé bon de les interdire. Pour éviter tous "troubles à l'ordre public". Une honte. Une honte à l'image de la diplomatie française menée depuis l'attaque du 7 octobre dernier par le Hamas sur le sud d'Israël. Le président Emmanuel Macron a raté là une occasion de redonner une voix à la diplomatie française. Au lieu de cela, il s'est aligné sur la ligne américaine et ne fait que creuser les divisions dans la population française contrairement à ce qu'il semble penser. Mon dieu, Chirac me manque...
Cela fait 12 jours que les barbus de Gaza ont lancé leur raid atroce sur le sud d'Israël. Cela fait 12 jours que le gouvernement d'extrême-droite de Netanyahou écrase la population civile de la bande de Gaza sous un tapis de bombe. Mission: éradiquer le Hamas. Il n'y arrivera pas, mais tant pis. Faut bien faire de la politique et faire bonne figure. Montrer qu'on a la plus grosse. Œil pour œil, dent pour dent.
Douze jours donc que les bombes pleuvent sur Gaza, deux jours que l'hôpital Al-Ahli a été le théâtre d'un crime de guerre. La guerre de désinformation fait rage sur l'origine du tir. Fascistes et barbus se renvoient la balle, les autorités israéliennes utilisant la bonne vieille recette du "C'est pas nous". Depuis mardi, de grandes manifestations ont lieu un peu partout dans le monde, sauf en France. Interdites donc. Hier à 18h, des centaines de manifestants se sont tout de même rejoints place de la République à Paris, au son de chants du type "Nous sommes tous, des Palestiniens", "Macron complice, Israël assassin", etc. Classique. Et puis il y avait également des représentants de la communauté juive, revendiquant leur aversion face à la catastrophe en cours à Gaza.
Les scarabées des forces de l'ordre étaient là en nombre. À 18h30, ils ont repoussé les manifestants vers la rue du Faubourg du Temple, à coups de gaz lacrymo, jusqu'à les coincer dans une nasse 200m plus loin. Bravo les gars. Super doctrine, la même que pendant les manifs des Gilets jaunes. Là, les flics ont laissé les manifestants – jeunes et vieux – sortir au compte-goutte. Sans avoir oublié de leur demander leurs papiers et de leur coller une amende de 135 euros. Manifestation interdite oblige.
Quinze minutes plus tard, le tribunal administratif lève l'interdiction. Les policiers se replient et la foule reprend possession de la place et de la statue de la République. Dommage d'avoir dû attendre qu'un contre-pouvoir fasse une leçon de droit constitutionnel au gouvernement...
Je vous laisse avec une série photo intitulée Gaza-sur-Seine, mais aussi un peu de lecture, avec cette Lettre ouverte au président de la République française, signée Dominique Eddé dans le quotidien libanais L'Orient-Le Jour. J'applaudis chaque mot. La paix est le seul chemin. Mais pour l'emprunter, il n'y aura qu'une seule recette: rendez la terre, vous aurez la paix.